Entreprise durable

Chaque tonne de CO₂ économisée compte

17.06.2022

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Lorsqu’il était enfant, en signe de protestation, il collait des autocollants fabriqués par ses soins sur les pare-brise des voitures. Aujourd’hui, Renat Heuberger conseille les entreprises pour une approche plus écologique. Il nous dit en interview pourquoi sa passion pour la protection de l’environnement reste intacte à ce jour et pourquoi il est fier d’être sociétaire Mobility depuis 20 ans.

Renat Heuberger, d’où vous vient cette fascination pour les thèmes du développement durable, du changement climatique et des énergies renouvelables?

La lutte pour une planète meilleure et durable m’a toujours animé. Je suis activiste climatique depuis toujours.

Y a-t-il eu un élément déclencheur particulier?

Ma passion pour la protection de l’environnement a commencé lorsque j’étais enfant. À l’époque, le dépérissement des forêts était un thème important: Pendant notre temps libre, mon frère et moi collions des autocollants de protestation bricolés sur des voitures garées. Plus tard, adolescent, j’ai passé une année en Indonésie. La forêt située derrière ma maison a été abattue pour être transformée en nouvelle zone immobilière. Cette tragédie m’a paru insupportable.

C’est ce qui vous anime aujourd’hui encore?

J’ai trois enfants et je souhaite que la prochaine génération puisse connaître la nature et en profiter.

À quoi accordez-vous particulièrement de l’importance au quotidien?

J’évite les émissions de CO₂ autant que possible. Je n’ai encore jamais possédé de voiture, j’utilise un véhicule Mobility si j’en ai besoin. Nous rénovons actuellement complètement notre maison de Zurich-Höngg: nous isolons les murs, nous remplaçons le chauffage au fioul par une pompe à chaleur et nous installons des panneaux photovoltaïques sur le toit. Je vais au travail à vélo, même s’il pleut ou s’il neige.

Dans quel domaine pourriez-vous être encore plus écologique?

Les voyages d’affaires en avion sont mon point faible. Le COVID nous a montré que de nombreuses réunions pouvaient être tenues virtuellement, mais certaines doivent quand même avoir lieu en face à face, comme avant. Les relations personnelles qui en découlent sont essentielles pour que nous puissions parvenir à nos objectifs.

Depuis 1999, vous travaillez sur des sujets en lien avec l’environnement. Comment avez-vous vécu vos premières années?

Lorsque j’étudiais les sciences de l’environnement à l’EPF à la fin des années 1990, il n’y avait pas encore un seul cours sur le thème du changement climatique. Pourtant, les faits scientifiques étaient déjà parfaitement clairs à l’époque. Et lorsque nous avons créé «myclimate» puis «South Pole», nous avons d’abord dû faire un énorme travail de pionnier.

Qu’en est-il de la situation aujourd’hui?

Les choses ont un peu changé. Le monde s’est réveillé et s’est rendu compte de l’urgence que posait le changement climatique. Toutefois, cela a pris beaucoup trop de temps. Greta Thunberg et les grèves pour le climat ont eu ici une importance capitale. Le mouvement de protestation mondial était important pour amener les gouvernements et les entreprises à enfin agir. Aujourd’hui, plus aucune société cotée en bourse ne peut se permettre d’ignorer la protection du climat.

L’économie en fait-elle aujourd’hui assez pour la protection du climat?

Plus de 1000 entreprises se sont fixé des objectifs de zéro émission nette et de nombreux gouvernements élaborent des plans climatiques pour leurs pays. Ces ambitions ne suffisent toutefois pas, le changement vers un monde durable s’opère encore beaucoup trop lentement. Nous devons inspirer un million d’entreprises à devenir championnes du climat dès maintenant. C’est exactement l’ambition de South Pole.

Depuis 2006 déjà, les clientes et clients Mobility peuvent compenser sur une base volontaire leurs émissions de CO₂ dans des projets de protection du climat de «myclimate». S’agit-il d’une véritable protection du climat ou simplement d’un «commerce des indulgences» moderne? 

La compensation de l’empreinte carbone est essentielle. Il se passe trois choses quand vous compensez vos émissions.

C’est-à-dire?

Tout d’abord, vous êtes conscient des émissions dont vous êtes responsable. Car pour pouvoir compenser les émissions, il faut pouvoir les mesurer. Il est souvent arrivé à nos clients de prendre conscience de gaspillages d’énergie considérables que personne n’avait remarqués auparavant.

Et ensuite?

Lorsque vous compensez vos émissions, vous payez pour le dommage dont vous êtes responsable, ce qui crée un prix interne pour les émissions de CO₂, c’est-à-dire une incitation financière pour votre entreprise à diminuer ses émissions. Enfin, les produits des certificats de CO₂ constituent l’un des principaux instruments financiers au monde pour des projets qui n’auraient pas pu être menés sinon.

De nombreuses entreprises s’engagent aujourd’hui en faveur d’une action durable: Est-ce simplement soigner l’image de marque ou la notion de durabilité est-elle réellement ancrée dans l’économie?

Il y a encore peu, pour beaucoup d’entreprises, «l’action durable» se résumait à un petit don effectué à la fin de l’année en faveur d’une organisation de défense de l’environnement. Or aujourd’hui, de nombreux CEO et conseils d’administration ont reconnu le développement durable et la protection du climat comme des éléments absolument déterminants de chaque stratégie d’entreprise à long terme. Étonnamment, la crise du COVID-19 a même accéléré cette évolution: L’idée s’est imposée qu’une entreprise prospère doit être préparée à la fois à une crise mondiale de la santé et à une crise mondiale de l’environnement.

Quelles sont les principales mesures qu’une entreprise doit prendre pour être climatiquement neutre?

Les entreprises doivent suivre leur propre «parcours climatique». Elles doivent tout d’abord déterminer leur empreinte carbone individuelle avant de chercher des solutions pour éviter de manière ciblée les émissions de gaz à effet de serre. Ensuite, il est important de compenser entièrement les émissions restantes. Pour terminer, les entreprises doivent communiquer largement sur leur engagement en faveur du climat et amener d’autres organisations à agir.

Quel est le rôle des concepts de partage dans vos conseils?

Le partage et l’utilisation efficiente des véhicules font partie intégrante de toute stratégie de réduction des émissions. Dans ce cadre, nous travaillons par exemple aussi avec la plateforme Urban Connect, une start-up suisse qui propose des solutions de mobilité intégrées pour les entreprises.

Mobility est le pionnier du car sharing en Suisse: Que pensez-vous de l’évolution de l’entreprise?

Aujourd’hui encore, je suis très fier et reconnaissant du fait que chez «myclimate», nous ayons pu gagner Mobility comme l’un de nos clients pionniers, à une époque où la protection du climat n’était pas encore un sujet aussi majeur. Je suis moi-même fier sociétaire de Mobility depuis 20 ans et je reste aussi enthousiaste qu’au début, en particulier devant la fiabilité et la diversité de l’offre.

D’ici 2030, toute la flotte de Mobility doit être zéro émission et d’ici 2040, l’entreprise veut devenir climatiquement neutre. Qu’en pensez-vous?

Il est très important qu’une pionnière comme Mobility montre le bon exemple. Plusieurs années avant l’arrivée de Tesla, Mobility proposait par exemple déjà la Renault Zoe dans son offre. Cela a permis à de nombreuses personnes, dont moi-même, d’accéder à l’électromobilité.

Pour terminer, un regard tourné vers l’avenir: Quels pronostics faites-vous pour la politique climatique et environnementale des décennies à venir? Pouvons-nous encore amorcer une évolution positive?

Je pense qu’en matière de politique climatique, nous avons enfin identifié les signes du temps: des lois viendront, des émissions seront réglementées. La question est: sommes-nous assez rapides?

Qu’en pensez-vous?

Je n’ai malheureusement pas de boule de cristal pour lire l’avenir. Mais pour moi, il est clair que même si les rouages de la politique sont beaucoup trop lents, nous ne devons en aucun cas nous laisser décourager. Plus nous sommes nombreux à agir, plus nous percevons la protection du climat comme une opportunité, plus nous faisons nos achats et nous déplaçons de manière consciente, plus nous inspirons nos amis et notre famille, alors plus vite la politique bougera. Chaque tonne de CO₂ économisée compte. Chaque fraction de degré de réchauffement global que nous pouvons éviter ensemble peut sauver une forêt, une espèce animale ou un récif corallien. La protection du climat en vaut la peine – partout et à tout moment!

Fondateur de «myclimate» et «South Pole»

Renat Heuberger (45 ans) s’engage depuis 1999 comme pionnier et entrepreneur social dans les domaines du développement durable, du changement climatique et des énergies renouvelables. Après ses études en sciences de l’environnement à l’ETH Zurich, il a fondé en 2002 avec des collègues myclimate –le prestataire leader des compensations de CO₂. En 2006, il a fondé South Pole. L’entreprise, qui emploie aujourd’hui près de 1000 collaborateurs sur tous les continents, soutient les entreprises dans leur voie vers un avenir plus écologique. Avec environ 1000 projets dans plus de 50 pays, South Pole est le plus grand développeur de projets de protection du climat au monde.

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Le projet Kariba de «South Pole» a été lancé en 2011 et est le plus grand projet REDD+ (Reduced Emissions from Deforestation and Degradation). Il permet d’économiser plus de 3,5 millions de tonnes de CO₂ en moyenne par an. Le projet offre aux agriculteurs et aux populations locales du Zimbabwe des sources de revenus supplémentaires et améliore durablement les conditions de vie de la région.