Mode de vie

Concepteurs de nos vies

10.09.2020

csm_Mobility_Individualisierung-WESTF09541

Jamais encore nous n’avons eu autant de possibilités de choisir qu’aujourd’hui. Nous sommes en mesure d’organiser pratiquement chaque domaine de notre vie comme nous l’entendons, de notre travail à nos loisirs en passant par notre consommation et notre mobilité. Mais cela nous rend-il véritablement heureux?

Peut-être souhaites-tu apporter plus de détente dans ta vie en ce moment. Et réfléchissez à la meilleure façon de le faire. Le canapé du salon vous attire irrésistiblement? Ou tu penses à ton abonnement de yoga, que tu devrais utiliser plus assidûment? Bien sûr, se prélasser aux thermes ne serait pas désagréable non plus. Ou téléchargez simplement cette nouvelle application de méditation dont vos amis parlent toujours.

Détente ou exercice, alimentation ou loisir, aujourd’hui, nous disposons de quantité de possibilités pour répondre pratiquement à chaque besoin. Qui plus est, nous pouvons façonner de plus en plus librement des domaines de la vie toujours plus fondamentaux: choix professionnel et parcours de carrière, identité sexuelle et vie familiale, modèles de rôles et relations sociales sont soudain devenus possibles. Nous vivons à une époque de liberté de choix et d’épanouissement personnel, et donc d’individualisation. Cela n’a pas toujours été le cas.

L’individualisation, un acquis

Pendant longtemps, la société ne nous a guère laissé la possibilité de mener une vie conçue librement, qui s’écarte des règles établies et des traditions. Demande à tes grands-parents ce que c’était «à l’époque» des changements de métier ou des familles recomposées; tu remarqueras vite à quel point nous pouvons vivre aujourd’hui dans un esprit de liberté. La modernisation du monde occidental a fortement contribué à cette évolution: La réduction du temps de travail a eu pour effet de donner plus d’importance aux loisirs et aux intérêts personnels. La progression du niveau d’éducation a permis aux individus de s’interroger davantage sur eux-mêmes, sur leurs souhaits et leurs besoins, leur a permis de faire carrière et de grimper l’échelle sociale. En outre, la prospérité croissante nous a ouvert la possibilité de réaliser de plus en plus de nouveaux rêves.

L’embarras du choix

Aujourd’hui, l’individualisation fait figure de mégatendance. Les jeunes attachent une grande importance à l’indépendance et à la liberté, comme le montre un sondage: L’«indépendance de pouvoir organiser sa vie» (90 %) vient juste derrière l’objectif suprême d’«être en bonne santé» (93 %) (Trendmonitor Assurance Heidelberger Leben). Notre société multi-options est-elle donc une garantie de bonheur absolu?

csm_malvestida-magazine-DMl5gG0yWWY-unsplash
Les grandes entreprises comme Nike ont identifié très tôt cette mégatendance et donnent la possibilité de personnaliser leurs produits.

Non. En effet, plus il existe de possibilités, plus nous devons prendre de décisions. Or, cela signifie toujours renoncer à quelque chose, autrement dit ne pas pouvoir faire, acheter ou vivre quelque chose d’autre. Sachant que les chercheurs spécialisés dans l’étude du cerveau estiment que nous prenons chaque jour 20’000 décisions (pour la plupart inconscientes), il apparaît clairement que le revers de la médaille pèse lourd. Soudain, la possibilité de décider devient une obligation de décider. Aussi les psychologues parlent-ils déjà de «tyrannie du choix», un phénomène exténuant qui peut finir par nous anéantir. Nos libertés sont donc également une source de stress.

Notre style de vie, prise de position et moteur du marché à la fois

Chaque individu jouit d’une liberté croissante et l’éventail des concepts de vie ne cesse de s’étendre. Nous devenons ainsi les concepteurs de notre propre identité: qui voulons-nous être? Comment voulons-nous vivre? Que consommons-nous et quelles valeurs affichons-nous à cet égard? En effet, se procurer ses légumes chez un grand distributeur, dans une ferme voisine ou dans le cadre d’un projet anti-gaspillage, acheter des aliments issus d’une agriculture biologique ou conventionnelle, régionaux et de saison est souvent plus qu’une simple décision. C’est une prise de position.

Une prise de position à laquelle le marché réagit. D’une part avec les labels les plus divers (commerce équitable, biologique p.ex.) et d’autre part avec des produits spécifiquement conçus. Du muesli que l’on compose soi-même aux sneakers dessinées individuellement et même aux parfums et aux meubles spécialement réalisés, presque n’importe quel produit peut aujourd’hui être personnalisé. Les enquêtes de marché de KPMG révèlent que la moitié des consommateurs trouve de tels produits bien plus intéressants que les marchandises de masse. Et est également prête à dépenser plus pour cela. L’individualisation constitue donc l’un des plus importants moteurs de l’économie.

csm_mymuesli_custommixed_diverse
Mymuesli fabrique des mueslis personnalisés à partir d’ingrédients écologiques. L’entreprise est ainsi dans l’air du temps. Copyright: mymuesli.

Plus d’offres de partage

Cette évolution concerne également la mobilité: «Elle devient de plus en plus multimodale et diversifiée», confirme Timo Ohnmacht, expert de la circulation. Nous disposons des moyens les plus divers pour nous déplacer, sur route, sur rails et dans les airs. Voici ce qu’utilisent les Suissesses et les Suisses: Chacun parcourt en moyenne 36,8 kilomètres par jour, soit près de deux kilomètres de plus qu’au tournant du millénaire. De plus, nous prenons souvent l’avion: par rapport à nos pays voisins, nous prenons deux fois plus souvent l’avion. Ce qui peut être avantageux pour un individu peut être néfaste pour l’environnement. «Bien que la conscience soit là, beaucoup de gens ne changent rien à leur comportement», blanc Évanouissement. Il est donc d’autant plus important de définir des limites au niveau politique, mais aussi que les fournisseurs de services de partage tiennent compte de la tendance à l’individualisation et parviennent à convaincre autant d’individus que possible de l’intérêt d’une mobilité durable.