«Renoncer aux sacs plastiques ne sert pas à grand-chose si on prend ensuite l’avion pour Majorque»

(Rire) Oui, je me rends quasiment tous les jours d’Hinterkappelen à Berne à vélo. Le trajet dure environ 25 minutes. Toutefois, je ne fais pas cela par souci d’écologie.

C’est très simple: je trouve agréable d’aller au travail à vélo. Cela me permet de m’aérer l’esprit matin et soir et m’évite de m’asseoir dans un bus bondé. Le fait qu’il s’agisse d’une solution plus durable et gratuite est appréciable – mais secondaire, dans mon cas.

Une chose est sûre: on est plus motivé si ce qu’on fait est agréable. Prenez le car sharing: partager une voiture est plus durable qu’en posséder une, mais ce n’est généralement pas le facteur déterminant. Si l’offre de Mobility a autant de succès, c’est surtout parce qu’elle est simple, pratique et acceptée socialement.

Il reste du potentiel à exploiter, c’est certain; mon empreinte écologique est trop importante. Je me suis fixé pour objectif de l’améliorer un peu chaque jour. Vouloir transformer complètement ma vie du jour au lendemain ne serait pas réaliste.

Il y a des domaines où cela m’est plus facile, c’est sûr. Par exemple, je renonce à la voiture et me déplace presque exclusivement à vélo et en transports publics. Je chauffe mon appartement avec modération et j’achète peu de vêtements neufs. En outre, je participe aux élections et je vote pour des personnes qui s’engagent pour le développement durable.

Pas dans tous les domaines, loin de là. Cette année, par exemple, j’ai pris l’avion malgré mes bonnes résolutions parce que le voyage en train de nuit n’a pas pu avoir lieu comme prévu pour des questions de garde d’enfant. Et je continue à manger de la viande alors que j’ai conscience des répercussions de la consommation de viande. Et depuis la naissance de ma fille il y a deux ans, le gaspillage de nourriture a malheureusement augmenté.

Les humains ne sont pas des êtres rationnels. Nous sommes souvent pleins de bonnes intentions mais ne parvenons pas à les transposer dans notre comportement. C’est ce qu’on appelle l’écart entre l’intention et le comportement. Nos habitudes jouent un rôle essentiel à cet égard.

Prenons l’alimentation: je connais les recettes que je prépare régulièrement et j’achète toujours des produits similaires. Pour cuisiner végan ou végétarien, je dois changer de recettes et acheter d’autres produits. Ça peut être fatigant au début et il peut arriver de ne plus y penser quand le quotidien est stressant. Arrivée à la caisse, je constate que ce sont les produits habituels qui se trouvent dans le chariot, alors que j’avais prévu autre chose. Les normes sociales influencent également notre comportement.

Si vous mangez à l’extérieur et que tout le monde prend le menu avec de la viande, il y a de fortes chances que vous ferez la même chose. En outre, nous excellons dans l’art de trouver des excuses pour expliquer ce que nous ne faisons pas.

Nous avons souvent le sentiment que nous agissons déjà de manière durable. Nous avons tendance à surestimer certains comportements. Par exemple, ne pas utiliser de sacs plastiques pour nos achats, c’est bien beau, mais ça ne sert pas à grand-chose si nous prenons l’avion deux fois par an pour aller à Majorque. Quand nous devons effectuer des changements, nous commençons souvent par les choses qui nous sont faciles. C’est super mais si on en reste là et qu’on se repose sur ses lauriers, ça ne donne pas vraiment quelque chose.

Tout d’abord, il faut analyser la situation et se demander quels changements comportementaux ont vraiment un impact et peuvent vraiment être pris en considération. Ensuite, il faut planifier ces changements le plus concrètement possible et réfléchir à la manière de les intégrer dans le quotidien. Moins cela demande d’efforts et de moyens, mieux c’est. Il peut également être utile de se récompenser soi-même pour se motiver.

Reprenons celui du vélo: préparez votre vélo la veille, achetez-vous un bon équipement imperméable et récompensez-vous avec un délicieux petit-déjeuner au bureau. Ça renforcera votre motivation. Il est également important de préciser que les difficultés ne sont pas les mêmes pour tout le monde. Il m’est facile de renoncer à la voiture parce que j’habite dans un endroit qui est bien desservi par les transports publics et d’où je peux aller au travail à vélo. Ce n’est pas le cas de tout le monde.

Il y a des moments dans la vie où beaucoup de choses changent d’elles-mêmes et où certaines habitudes se font chambouler. Un déménagement, un bébé ou un changement de travail sont de bonnes occasions de prendre de nouvelles habitudes en phase avec nos objectifs personnels en matière de durabilité.

Le Nouvel An est une bonne occasion pour décider d’adopter de nouveaux comportements. Toutefois, avant de formuler une bonne résolution, mieux vaut prendre le temps d’y réfléchir et se poser des questions du type «Dans quel monde voudrais-je vivre?» ou «Comment adapter mon comportement ici et maintenant pour m’orienter dans ce sens?». Une fois que l’on a répondu à ces questions, il s’agit de planifier la mise en pratique le plus concrètement possible. Bonne chance!

Photos:Patrick Besch

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