Il existe des personnes qui sont tellement rayonnantes qu’elles illuminent des pièces entières. Antje de Vries en fait partie. La jeune femme de 41 ans brille non seulement par sa fraîcheur et son dynamisme mais aussi avec ses poêles, casseroles et cuillères. Antje est cuisinière diplômée, dénicheuse de tendances, conseillère, autrice, spécialiste en économie de l’alimentation, et surtout: globe-trotter. Native de Frise orientale, en Allemagne, elle n’a ni appartement, ni meubles, ni chez soi. Depuis 2016, elle dort dans des auberges, hôtels, chez des amis ou dans les trains. Son objectif n’est pas une destination en particulier mais au contraire le mouvement permanent. Sa vision: «Je souhaite unir les gens par la nourriture.»
En exclusivité pour Mobility, la «food nomade» a composé un menu d’hiver végan à trois plats, idéal pour un menu de Noël et que chacun peut préparer à la maison (voir la recette). Pour ce projet, nous rencontrons Antje de Vries lors d’une journée maussade de novembre au Provisorium de Zurich. Ce site autrefois dédié à la production d’une boulangerie-pâtisserie s’est transformé ces dernières années en un espace créatif, lieu de production alimentaire et de location événementielle. Elle se sent bien. «C’est ce qui est fascinant en étant constamment en déplacement: on rencontre toujours des personnes et des lieux inspirants», explique-t-elle en préparant la mâche et les pleurotes du panicaut pour l’entrée.
Sa vie tient dans un sac Ă dos de 18Â l
Depuis qu’Antje est en mouvement, son point de vue sur la vie a aussi changé: «Certes, je suis souvent en déplacement, mais quand je suis quelque part, j’y suis pleinement présente.» Elle préfère se déplacer en transports publics. Elle veille également à voyager aussi léger que possible. Dans son sac à dos de 18 l, elle ne prend que l’essentiel. Du linge, son uniforme de cuisinière, un kit de premiers secours, une couverture compacte, une serviette de voyage, un maillot de bain («j’adore l’eau!»), un petit ordinateur portable, «mais pas de pantalon», dit Antje en riant. «Je ne porte jamais de pantalon, même pas sur la piste de ski.»
«Être mobile constitue une part importante de mon style de vie», souligne Antje de Vries. En plus des bus et des trains, elle utilise aussi souvent le car sharing. Une voiture fixe, sa propre place de parc, des rendez-vous réguliers au garage: voilà sa vision de l’horreur. «Un véhicule doit me transporter d’un point A à un point B, mais sinon, je ne veux rien avoir à faire avec.» Le fait est qu’Antje voyage aussi souvent en avion. «C’est mon point faible», concède-t-elle. Lorsqu’elle cuisine sur foyer ouvert en Sierra Leone ou qu’elle met au point de nouveaux concepts alimentaires avec différents chefs à Bali, difficile de se déplacer autrement que par les airs. «Bien sûr, cela me tracasse», dit-elle. C’est notamment la raison pour laquelle elle essaie de rendre ses expériences accessibles aux autres. L’engagement d’Antje en faveur de l’association PfefferminzGreenlui tient particulièrement à cœur. Conjointement avec des habitants de Sierra Leone, elle a réalisé pour l’ONG un livre de cuisine dont les recettes doivent servir à la protection des femmes contre les mutilations génitales. Les voyages dans les pays lointains lui ouvrent toujours les yeux: «En Sierra Leone, il faut travailler très dur pour apporter nourriture et eau à sa famille», rappelle-t-elle, ce qui nous fait voir différemment notre vie dans l’abondance.
De nouvelles perspectives s’ouvrent aussi en discutant avec la cheffe cuisinière allemande. «L’alimentation est très liée à la mobilité», affirme-t-elle. Des changements s’opèrent dans les deux domaines. «Le thème du développement durable est primordial tant pour l’alimentation que pour la mobilité.» Avec un avantage pour l’alimentation, où les changements sont plus rapidement expérimentés et mis en œuvre. Dans la mobilité, cela prend généralement un peu plus de temps, comme le montre le projet de Mobility d’électrifier toutes les places de parc des emplacements au cours des prochaines années.
Comme pour le car sharing, des alternatives attrayantes sont nécessaires
Pour Antje de Vries, il existe un facteur déterminant permettant aux changements de s’inscrire dans la durée. «Il faut des traducteurs et traductrices de tendances.» Des personnes qui montrent le bon exemple et qui sont en mesure d’enthousiasmer les autres pour leurs propres convictions. «Nous devons réaliser que seule une poignée de personnes et d’entreprises ont une grosse influence.» C’est la raison pour laquelle elle est une ambassadrice déterminée de la cuisine végane. «Nos idées de plats viennent toujours des plantes. Ce n’est qu’à la fin, si un accompagnement d’origine animale est pertinent, que nous l’ajoutons.»
Antje de Vries veille à ne pas se montrer moralisatrice. «Les gens ne doivent pas avoir l’impression qu’on leur enlève quelque chose.» Il est bien plus efficace de mettre en avant des alternatives attrayantes à ce qui existe. Le succès des substituts végétaux montre que des changements sont aussi possibles pour des thèmes chargés d’émotions. Pour la «food nomade», une chose est claire: «Si nous devons changer quelque chose, faisons-le tout de suite mieux pour tout le monde!» Parfois, il s’agit aussi de prendre le meilleur des deux mondes. «Par exemple, dans les fast-foods, si la moitié de tous les hamburgers étaient à base de lentilles, le monde s’en porterait déjà bien mieux.» Avec son menu de Noël réalisé en exclusivité pour Mobility, Antje de Vries prouve bien que les alternatives végétales sont au moins aussi goûteuses que la viande.
Nous te souhaitons beaucoup de plaisir dans cette préparation, et un bon appétit!
Menu de Noël Mobility par Antje de Vries
Photos:Patrick Besch
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