Société coopérative
Gagner des talents avec les sociétés coopératives
17.06.2022
Pourquoi les sociétaires sont la forme juridique du futur et pourquoi les fondateurs devraient l’envisager plus souvent: Lors du Swiss Social Economy Forum, des spécialistes ont débattu des sociétaires et de leurs défis au XXIe siècle. Lars Kläger, CCO de Mobility, était aussi présent.
Migros, la Coop, Raiffeisen, Mobility et de nombreuses autres font partie des sociétés coopératives les plus connues de Suisse. Elles représentent ainsi une forme de société qui, du fait de son caractère démocratique, est particulièrement adaptée pour résoudre les problèmes du futur. «Après tout, les sociétés coopératives poursuivent aussi des objectifs sociétaux en plus des aspects économiques», a précisé Anja Niedworok, chercheuse de l’ETH Zurich, lors du Swiss Social Economy Forum (SSEF) de Zurich. Grâce aux exigences de gestion responsable et durable, la société coopérative s’avère être une très bonne forme juridique. En fin de compte, les valeurs démocratiques ainsi que les questions relatives au profit, à la propriété et à la participation sont ancrées dans son ADN.
Un esprit de coopérative peu présent parmi les fondatrices et fondateurs
Pourtant, les spécialistes du SSEF s’accordent à dire que l’esprit de coopérative n’est guère présent aujourd’hui parmi les fondateurs de start-up et les jeunes consommateurs. Au contraire, la forme de la société a été plutôt négligée ces dernières années. Dans le cadre du conseil en création proposée aux start-up, la forme juridique est rarement proposée. «Sans doute parce que les sociétés coopératives sont plus difficiles à fonder et à gérer», expliquait Regina Natsch, avocate et experte en droit des coopératives.
«Tout le monde veut donner son avis»: une idée fausse qui effraie
En effet, le caractère participatif en décourage plus d’un, à commencer par l’idée que «chaque membre de la société coopérative a le droit de vote». Lars Kläger a dissipé cette inquiétude au SSEF: «Il faut trouver le bon équilibre», a déclaré le CCO de Mobility. Il s’agit par exemple de bien réfléchir: Quelles sont les décisions de l’administration ou de la direction? et l’assemblée des délégués. «S’il s’agit par exemple d’une nouvelle application, nous faisons plutôt appel à des spécialistes», a évoqué L. Kläger. Et l’avocate Natsch d’ajouter: «La manière dont la participation est vécue dans une société coopérative dépend de celle-ci elle-même».
L’acquisition de talents est l’un des avantages déterminants des sociétés coopératives. «Aujourd’hui, les collaborateurs veulent apporter des solutions intelligentes et ne sont pas uniquement guidés par le salaire», a affirmé Anja Niedworok, chercheuse à l’ETH. Cette approche est déjà assimilée par les coopératives, qui se concentrent finalement plus sur la gestion durable que sur les profits maximaux.
Un recrutement facile, même sur les postes spécialisés
Ce «purpose» était aussi pour Lars Kläger une des raisons pour lesquelles il a quitté le privé pour rejoindre la société coopérative Mobility il y a deux ans. «Chez Mobility, le recrutement est facile, même sur les postes spécialisés, car avec le car sharing durable, il existe une finalité», a précisé L. Kläger. Si les salaires ne sont pas aussi élevés que dans le privé, Mobility mise sur l’égalité salariale.
Le coronavirus a en outre montré une fois de plus à quel point la cohésion au sein du personnel était forte: Pendant le confinement, la flotte de 3000 véhicules de Mobility est soudainement arrêtée du jour au lendemain. Les collaborateurs avaient alors tous fourni un travail incroyable– «Je n’avais encore jamais vécu une telle identification avec le travail dans le privé.»
«Interrogez-vous sur cette forme de société!»
Que se passerait-il si on choisissait davantage la société coopérative comme forme juridique? «Interrogez-vous sur cette forme de société!», explique l’avocate Natsch aux fondateurs. «Réfléchissez-y, sinon vous raterez des opportunités!», a-t-elle appelé les conseillers en création d’entreprise. Quant aux sociétaires existantes, elle souhaite: «Utilisez le cadre que vous offre le droit des coopératives avec de bonnes idées». Et elle a lancé un appel aux banques: «Faites preuve de plus de courage! Investissez-vous aussi en sortant du cadre habituel!»»
Pour terminer, la chercheuse A. Niedworok a souligné que l’approche coopérative était «une construction incroyablement intéressante». Il est vrai que grâce à leur approche participative, les sociétés coopératives font appel à une forme d’intelligence collective– «une ressource qui reste sinon complètement inexploitée».