Le plastique a commencĂ© Ă se rĂ©pandre massivement Ă partir de 1950. Cette annĂ©e-lĂ , quelque 2 millions de tonnes ont Ă©tĂ© produites. Les emballages et les bouteilles pouvant dĂ©sormais ĂȘtre jetĂ©s Ă la poubelle aprĂšs usage au lieu dâĂȘtre recyclĂ©s, lâindustrie a pu simplifier ses chaĂźnes logistiques et rĂ©aliser des Ă©conomies. Malheureusement, câest aussi Ă ce moment-lĂ quâest nĂ©e notre mentalitĂ© du «tout jetable».
Selon lâAtlas du plastique de la fondation Heinrich Böll de 2019, aujourdâhui, la production de plastique atteint toutefois 400 millions de tonnes par an. Le magazine en ligne klimareporter.de a calculĂ© que, Ă lâheure actuelle, il existait au total plus de 8,3 milliards de tonnes de plastique Ă lâĂ©chelle planĂ©taire. Soit plus dâune tonne par ĂȘtre humain. Et compte tenu de notre comportement de consommation actuel, il faut sâattendre Ă ce que cette quantitĂ© continue de croĂźtre dans de trĂšs fortes proportions, en particulier pour le plastique jetable.
Le plastique accélÚre le réchauffement climatique
Le plastique est composĂ© de matiĂšres premiĂšres fossiles qui doivent ĂȘtre extraites, raffinĂ©es, transformĂ©es et transportĂ©es. Tout cela demande une grande quantitĂ© dâĂ©nergie et entraĂźne lâĂ©mission de quantitĂ© de gaz Ă effet de serre comme du dioxyde de carbone et du mĂ©thane. LâincinĂ©ration provoque elle aussi dâimportantes Ă©missions. De plus, le plastique rejetĂ© dans la mer a un impact nĂ©gatif sur le climat: normalement en effet, le plancton absorbe le dioxyde de carbone Ă la surface de lâeau, puis le transporte vers les profondeurs. Les ocĂ©ans jouent ainsi un rĂŽle important dans la stabilisation du climat sur terre. Or, dâaprĂšs lâAtlas du plastique, les microparticules de plastique dĂ©composĂ© dans la mer sont susceptibles de perturber ce processus naturel.
Des tapis de plastique de la taille de trois fois la France
La fondation Heinrich Böll estime que, en 2018, environ 86 millions de tonnes de dĂ©chets de plastique avaient fini dans les ocĂ©ans. Et dâaprĂšs Greenpeace, chaque annĂ©e, jusquâĂ 13 millions de tonnes viennent sây ajouter, soit le chargement dâun camion toutes les minutes. Dans la mer et sur les plages, le plastique blesse et tue des animaux marins et des oiseaux, entre autres parce quâils le confondent avec de la nourriture.
De plus, le plastique ne se dĂ©grade pas dans la mer, il ne fait que se fragmenter et devient du microplastique. Cette «dĂ©composition» dure trĂšs longtemps, comme le montrent les chiffres de lâOffice fĂ©dĂ©ral de lâenvironnement:
- Sac en plastique: 20 ans
- Gobelet en polystyrĂšne: 50 ans
- Couche jetable: 460 ans
- Fil Ă pĂȘche: 600 ans
- Bouteille en plastique: 600 ans
Le microplastique se rĂ©pand partout et sâaccumule principalement dans cinq gigantesques gyres de dĂ©chets dans les ocĂ©ans. Le plus grand dâentre eux a dĂ©sormais la taille de trois fois la France.
Le plastique sâaccumule dans les sols et se retrouve dans nos assiettes
Les sols, eux aussi, sont fortement polluĂ©s par des particules de plastique: Ă cause du littering, de matĂ©riaux utilisĂ©s dans lâagriculture et le bĂątiment, mais aussi du microplastique rĂ©sultant par exemple du frottement des pneus sur la route et qui est transportĂ© par le vent. Lorsquâil se dĂ©pose sur la terre, il sâaccumule dans le sol, y sĂ©journe pendant plusieurs siĂšcles et en modifie la structure. Un phĂ©nomĂšne qui a un impact nĂ©gatif sur les micro-organismes et les vers de terre dâune importance vitale pour la fertilitĂ© des sols. En outre, tel un aimant, le microplastique attire dâautres substances nocives et se retrouve ensuite dans la chaĂźne alimentaire avec elles. DĂšs lors, il peut ĂȘtre absorbĂ© par les ĂȘtres humains et les animaux. DâaprĂšs lâOFEV, on peut dĂ©jĂ mettre en Ă©vidence la prĂ©sence de plastique dans des aliments comme le poisson, les coquillages, le sucre et le miel â ainsi que dans le corps humain.
Le plastique a des répercussions négatives sur la santé
Les matiĂšres plastiques constituent un risque pour la santĂ© hors de la chaĂźne alimentaire Ă©galement. En effet, elles contiennent quantitĂ© de produits chimiques ajoutĂ©s comme des plastifiants, des colorants ou des retardateurs de flamme. Avec le temps, un grand nombre dâadditifs peuvent sâen Ă©chapper, sâaccumuler dans lâair et dans la poussiĂšre des foyers ou pĂ©nĂ©trer dans le corps par la respiration ou par la peau. DâaprĂšs lâAtlas du plastique, les substances qui se dĂ©gagent du plastique, en particulier les plastifiants, sont susceptibles de provoquer de nombreuses maladies: TDAH, maladies immunitaires et nerveuses, diabĂšte, stĂ©rilitĂ©, etc. pour nâen citer que quelques-unes.
Il est impossible dâĂ©liminer le plastique sans nuire Ă lâenvironnement
Selon lâAtlas du plastique, environ 40% de nos produits en plastique sont mis Ă la poubelle en moins dâun mois. Malheureusement, il nâest guĂšre possible dâĂ©liminer ce matĂ©riau sans nuire Ă lâenvironnement. Sâil serait souhaitable de le recycler, les possibilitĂ©s techniques sont limitĂ©es du fait notamment des nombreux additifs chimiques quâil contient. Pour cette raison, la majeure partie du plastique est incinĂ©rĂ©e, ce qui entraĂźne non seulement lâĂ©mission dâune grande quantitĂ© deCO2, mais aussi de multiples substances nocives qui ne se dĂ©gradent pratiquement pas dans lâenvironnement et peuvent provoquer des maladies chez lâĂȘtre humain.
Nous nâarrivons plus Ă nous dĂ©barrasser de nos dĂ©chets plastiques
Parce que nous produisons trop de dĂ©chets, les dĂ©chets plastiques sont dĂ©sormais exportĂ©s dans le monde. Depuis 1988, la moitiĂ© environ des dĂ©chets plastiques mondiaux ont Ă©tĂ© exportĂ©s vers la Chine oĂč ils ont Ă©tĂ© fondus et transformĂ©s en granulĂ©s en vue de les rĂ©utiliser. Depuis 2018, les flux de dĂ©chets mondiaux vont principalement vers la ThaĂŻlande, le Vietnam, la Malaisie et lâIndonĂ©sie. Toutefois, les rĂ©glementations concernant les importations Ă©tant devenues plus strictes dâune maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les pays exportateurs â les pays industrialisĂ©s avant tout â ont de plus en plus de mal Ă se dĂ©barrasser de leurs dĂ©chets. RĂ©sultat, ils sont souvent incinĂ©rĂ©s ou transportĂ©s dans des dĂ©charges au lieu dâĂȘtre recyclĂ©s.
Le bioplastique, la solution?
Que faire, donc? Aujourdâhui dĂ©jĂ , il existe des plastiques «biodĂ©gradables» Ă base de diffĂ©rents matĂ©riaux, y compris vĂ©gĂ©taux. Leur dĂ©gradation, cependant, ne fonctionne que dans des conditions prĂ©cises (tempĂ©rature, micro-organismes, etc.) et nĂ©cessite des installations industrielles de fermentation et de compostage. Comme il est toutefois impossible dâen tirer de lâhumus ou des substances alimentaires, ces matĂ©riaux sont souvent incinĂ©rĂ©s afin dâobtenir «au moins» de lâĂ©nergie thermique.
Outre les plastiques biodĂ©gradables, il existe Ă©galement des plastiques «biosourcĂ©s»: ceux-ci sont issus de matiĂšres renouvelables comme la canne Ă sucre, le maĂŻs ou les feuilles de palmier. Toutefois, ici encore, il nâest pas prouvĂ© que ces matĂ©riaux ne nuisent pas Ă lâenvironnement, en effet, les matiĂšres premiĂšres sont transformĂ©es en substances chimiques de base par des processus industriels de grande envergure et leur dĂ©composition dure extrĂȘmement longtemps.
Alors, que peux-tu faire? Le mieux est de remplacer les produits en plastique par dâautres chaque fois que possible. Tu trouveras plusieurs suggestionsdans cet article. Et il reste Ă espĂ©rer que la science et lâindustrie trouveront de nouvelles voies et de nouveaux matĂ©riaux dâavenir intelligents.
Sources:
Bafu
Deutsches Umweltbundesamt, Infografik «So lange bleibt der MuÌll im Meer», 2016
Plastikatlas der Heinrich Böll-Stiftung von 2019
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