Rudolf Baumann-Hauser, pourquoi de nombreuses personnes s'accrochent-elles à leur propre voiture, même à un âge avancé?
Le comportement de mobilité à la retraite est souvent influencé par les habitudes prises dans la vie professionnelle. Les personnes qui se sont longtemps déplacées en voiture ont souvent du mal à changer de mode de transport. Il existe d'autres raisons pour lesquelles les personnes âgées ne veulent pas renoncer à leur voiture. Un facteur important est la santé. Les personnes physiquement limitées ont souvent l'impression de ne plus pouvoir se déplacer sans voiture. Dans les zones rurales, les alternatives telles que les transports publics ne sont souvent pas aussi bien développées, ce qui rend le changement encore plus difficile. Mais pour certains, la retraite marque aussi le début d'une sorte de "phase de plaisir", au cours de laquelle ils se font volontairement plaisir.
Ce qui signifie?
Beaucoup optent par exemple pour une voiture plus sportive ou s'achètent un camping-car pour profiter de voyages qu'ils n'ont pas pu faire dans leur vie professionnelle quotidienne.
La liberté est donc encore souvent associée à la possession d'un véhicule personnel.
Absolument. Beaucoup associent la voiture à la liberté d'être spontané et indépendant, sans dépendre d'horaires ou de véhicules de location. Mais pour les personnes à la retraite, on peut se demander si ce gain de temps est vraiment pertinent, puisqu'elles n'ont plus d'obligations professionnelles.
Engagé pour l'énergie, la construction, l'environnement et la mobilité
Rudolf Baumann-Hauser (75 ans) est ingénieur civil diplômé et possède plus de 50 ans d'expérience professionnelle. En tant qu'ancien directeur du service de l'énergie du canton de Lucerne, conseiller indépendant et coach, il s'est spécialisé dans les domaines de l'énergie, de la construction, de l'environnement et de la mobilité. Aujourd'hui, conseille bénévolement des organisations, des entreprises et des personnes intéressées par ces thèmes.
Renversons la question : Quelles sont les principales raisons qui poussent les personnes âgées à renoncer à leur propre voiture?
Dans les villes, les transports publics bien développés et la disponibilité croissante d'offres de mobilité partagée peuvent inciter les personnes âgées à changer de mode de transport. Pour d'autres, la composante économique joue un rôle plus important : Si l'on additionne les coûts du garage, de l'assurance, de l'entretien et de l'utilisation, on se rend en fait rapidement compte qu'avoir sa propre voiture est souvent un pur luxe. Malheureusement, beaucoup n'en sont pas conscients.
L'autopartage est-il une véritable alternative pour les personnes âgées?
Cela dépend beaucoup de l'attitude personnelle. Celui qui suit la philosophie "utiliser plutôt que posséder" est en principe ouvert à la mobilité partagée - indépendamment de son âge.
Quels défis spécifiques voyez-vous dans le domaine de la mobilité partagée pour les personnes âgées?
Pour beaucoup, la question de l'emplacement est certainement centrale. À quelle distance se trouve l'offre de car sharing la plus proche de chez vous? Mais la forme numérique joue également un rôle: Beaucoup de ces offres sont basées sur des applications. Cela peut être un obstacle, en particulier pour les personnes âgées.
Comment pourrait-on faciliter ce changement pour les personnes âgées?
Les expériences personnelles de réussite sont la clé. Une possibilité serait d'accompagner les gens dans leurs premières expériences de mobilité partagée.
Comment imaginez-vous cela?
Des personnes de confiance pourraient aider les personnes âgées à essayer pour la première fois les offres de mobilité partagée. Ils pourraient répondre aux questions, aider à l'utilisation des applications et tester les offres ensemble. Les premières expériences positives sont un moyen incroyablement puissant de lever les inhibitions. Cette approche de la mobilité partagée ne doit toutefois pas être de la seule responsabilité des fournisseurs.
Que voulez-vous dire?
La politique et les administrations publiques sont également mises à contribution. Si nous voulons des centres-villes sans voitures et si nous avons pour objectif que les personnes âgées passent elles aussi à des formes de mobilité alternatives, une sensibilisation et une formation adéquates sont nécessaires. Cela pourrait se faire en collaboration avec les associations de seniors et d'autres institutions pertinentes - idéalement en coopération avec les fournisseurs de services de mobilité partagée.
Parlons encore de l'électromobilité. Où voyez-vous les plus grands défis et comment la situation va-t-elle évoluer?
L'infrastructure de recharge constitue un défi majeur, en particulier dans les parkings souterrains des immeubles d'habitation. Il y a encore beaucoup à améliorer dans ce domaine, mais les choses vont bouger dans les cinq à dix prochaines années. De plus, les voitures électriques sont encore chères, mais des modèles moins chers - notamment en provenance de Chine - vont changer la donne et le marché de l'occasion pour les véhicules électriques va lui aussi se développer.
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