Trois décennies de Mobility. Tu n’as jamais eu envie de découvrir autre chose?
En fait, non. On a plaisir à travailler dans une organisation dans laquelle l’argent reste dans l’entreprise et où les décisions sont faciles à comprendre. Je trouve également formidable de s’engager pour une idée pour laquelle le plus signifie moins et le moins signifie plus.
Peux-tu préciser ta pensée?
Oui bien sûr: plus on a de car sharing, moins on a de voitures privées et de surcharge du trafic. À l’inverse, cela implique une meilleure qualité de vie pour nous tous.
Sur une photo des premiers jours de cette aventure, on te voit en train de téléphoner sur un bateau. Quelle est l’histoire qui se cache derrière?
En 1992, j’ai introduit la réservation sur un téléphone mobile central. Il s’agissait d’un véritable bond en avant car auparavant, nos clients devaient réserver les voitures à l’avance en se rendant à l’emplacement correspondant, sur des listes papier que nous collections et saisissions manuellement. Nous étions toutefois trop peu de collaborateurs pour pouvoir prendre les appels chaque jour entre 8h et 22h. Cette tâche me revenait donc souvent, même pendant mon temps libre ou pendant des rendez-vous professionnels. Ici, par exemple, je participais à un apéritif professionnel sur un bateau à vapeur du lac des Quatre-Cantons.
La numérisation a certainement représenté un bond en avant encore plus important.
Tout à fait. Heureusement, nous avions pris les devants, car c’était nécessaire pour démocratiser le car sharing. Dès 1997, nous avons équipé les voitures des premiers ordinateurs de bord pour touch keys et plus tard, pour cartes RFID. En interaction avec ce moyen d’accès, nous avons pu contrôler l’accès aux véhicules et saisir de manière systémique les données de trajet, ce qui a constitué la base de tous les développements ultérieurs tels que les réservations par Internet ou par smartphone.
À ton avis, vers quoi se dirige l’aventure du car sharing?
Les véhicules autonomes joueront un rôle important. Les centres-villes seront toutefois réservés sur le long terme aux piétons et aux cyclistes. Nous devrions donc repenser le car sharing: il doit à nouveau s’inscrire dans des projets de vie durables.
Les voitures électriques sont aussi durables. Que penses-tu de l’approche de Mobility, qui consiste à miser entièrement sur les voitures électriques à l’avenir?
C’est une bonne idée qui me réjouit. Toutefois, n’importe quel véhicule, qu’il soit électrique ou autonome, a besoin de routes, de place et d’énergie. Je pense donc qu’en tant que société, nous avons besoin de nouveaux concepts de vie, de nouvelles structures d’espace et de systèmes stables. On peut citer l’exemple de la ville «15 minutes», qui offre tout le nécessaire à proximité.
Ce n’est pas qu’en matière de mobilité que tu es un visionnaire. Nous avons cru comprendre que tu étais l’un des pionniers du congé paternité?
En quelque sorte (rit). En tant que directeur, j’ai spontanément inscrit un congé paternité de 2 semaines par naissance dans mon propre règlement d’embauche.
Tu es au début d’un tout nouveau chapitre de vie. Quel est le sentiment qui domine: la joie ou le respect?
Un peu les deux. J’ai hâte de voir ce que cela fait de ne plus avoir de vacances. La crise du coronavirus et le télétravail qui en a résulté m’ont offert une bonne période de transition pour m’y habituer.
As-tu des projets?
Rien de particulier. Mon objectif est de ne pas me stresser avec les loisirs et d’explorer ce qui m’a toujours apporté du changement et du repos: le marché médiéval de Lucerne, le yoga, la torréfaction de café, le travail de l’argile, les séjours à l’étranger, les sorties en vélo... Bien sûr, tout dépendra de ma santé!
Nous te souhaitons une retraite en excellente santé, Joe, et te remercions pour ton formidable engagement pour Mobility!
C’est ce que j’espère aussi. Restez mobilisés. Peut-être qu’un jour, mon rêve de voir une voiture Mobility sur dix sur les routes de Suisse deviendra réalité.
Joe Willi, 65 ans, est un car sharer de la première heure. Il fut le premier directeur employé auprès d’ATG, l’organisation qui a précédé Mobility, avant de rejoindre la direction de ShareCom puis d’assumer différentes fonctions de cadre chez Mobility dans les domaines du service clientèle, du back-office et des logiciels d’exploitation. Après 27 ans, il prend sa retraite fin mars 2021.
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