Damien Zuber, pourquoi la Fondation des Parkings a-t-elle choisi de nouer un partenariat avec Mobility?
La Fondation des Parkings est un établissement public autonome du canton de Genève. Nous soutenons donc l’objectif du canton de réduction du trafic individuel motorisé et des émissions de gaz à effet de serre. Le car sharing permet de diminuer le nombre de véhicules et ainsi d’améliorer la qualité de vie et de l’environnement. En outre, nous souhaitons utiliser de plus en plus d’électricité provenant d’énergies renouvelables pour la mobilité en Suisse. Les voitures électriques de Mobility seront rechargées en conséquence sur nos places de parc avec de l’électricité durable produite localement.
Pour Mobility, la collaboration est une aubaine, car vous avez notamment participé financièrement à l’infrastructure de recharge électrique de la gare de Genève. Pourquoi vous impliquez-vous autant dans ce projet?
Nous avons besoin de cette offre de car sharing sur nos places de parc, mais nous ne disposons pas du savoir-faire nécessaire pour le mettre en œuvre. Nous sommes donc ravis de la collaboration avec Mobility, il s’agit d’un partenariat gagnant-gagnant pour les deux parties. Nous avons investi dans l’infrastructure de recharge requise. En d’autres termes, nous apportons les alimentations électriques jusqu’aux places de parc tandis que Mobility fournit les bornes de recharge. Si Mobility maintient son rythme actuel, 200 véhicules électriques de car sharing seront disponibles dans nos parkings d’ici 2027.
Mobility Société Coopérative souhaite électrifier sa flotte complète d’ici 2030. Quels sont les objectifs de votre entreprise dans ce domaine?
En plus de l’offre de Mobility, nous voulons proposer à moyen terme 1’000 bornes de recharge pour voitures électriques sur nos 30’000 places de parc couvertes. À long terme, nous souhaitons électrifier 10% de nos places de parc couvertes.
Les places de parc extérieures seront-elles également équipées de bornes de recharge?
Il ne s’agit pas là d’une compétence de la Fondation, cela relève des communes; or les services publics ne prévoient pas de développement des systèmes de stationnement à l’extérieur. C’est la raison pour laquelle les bornes de recharge se situent essentiellement dans les parkings ou les stations essence.
Nous sommes dans une voiture de car sharing, à une grande gare suisse, au cœur d’un réseau de transports publics. Quelle est la vision de la Fondation des Parkings en ce qui concerne le tournant dans le domaine de la mobilité?
Nous aspirons à jouer un rôle actif dans la réduction de moitié des trajets avec les véhicules privés et des émissions de CO2 qui en résultent. Nous mettons en œuvre toutes les mesures nécessaires pour nous rapprocher de cet objectif. Les véhicules doivent rester en périphérie des villes. Nous réduisons ainsi les trajets parcourus par les voitures et les motos et prolongeons les trajets parcourus de manière durable – à pied, à vélo et en transports publics. Au parking de Cornavin, nous allons mettre en place une station de vélo afin d’encourager la mobilité douce en direction de la gare. Bientôt, 2’500 places dont des bornes de recharge pour vélos électriques seront disponibles au premier sous-sol. Nous sommes ravis que les surfaces occupées jusqu’à présent par les voitures privées soient désormais exploitées pour le car sharing, les vélos ou les motos.
Peut-on dire que les parkings se transforment en plateformes multimodales?
Absolument. Notre objectif est de créer de tels «hubs». De nombreux véhicules de sociétés de location s’y trouvent également, mais nous souhaitons que les prestations restent associées au stationnement. Par exemple, nous renonçons à intégrer des stations de lavage, non seulement par égard aux collaborateurs de ces stations, mais aussi parce que nous estimons que les systèmes de stationnement ne doivent être ni chauffés, ni climatisés. Si nous avons opté pour ces stratégies, c’est que nous sommes convaincus du fait que chaque place de parc couverte contribue à délester l’espace public. Et ce gain de surface revêt une importance capitale pour la qualité de vie. Pour créer encore plus de place dans l’espace public, nous nous engageons pour davantage de places de parc couvertes pour les habitants.
Ce qui rend Genève si précieuse et unique
Les places de parc sont rares et chères. Dans le cadre de l’électrification, ce sujet gagne en importance, y compris pour Mobility. En effet, d’ici 2030, toute la flotte (soit près de 3’000 voitures) doit être électrique. Le plus grand défi sur la voie d’un car sharing sans émission reste la création de l’infrastructure de recharge. En règle générale, Mobility est locataire d’une place de parc. Il n’est pas rare que la mise en service d’une place de parc équipée d’une borne de recharge prenne des mois et soit associée à d’importants efforts organisationnels, personnels et notamment financiers. Sous celien, tu découvriras pourquoi la mise en exploitation d’une place de parc équipée d’une borne de recharge prend au moins six mois.
Le fait que Mobility Société coopérative dispose désormais du plus grand emplacement avec bornes de recharge électriques de Suisse est loin d’être une évidence. Cette opération n’aurait pas été possible sans l’initiative de la Fondation des Parkings. Grâce à cette collaboration proactive, Mobility peut compter sur une partenaire solide en matière de mise en œuvre et de financement. En outre, Mobility a pu équiper les nouvelles places de parc de ses propres bornes de recharge, un atout majeur pour l’exploitation du car sharing grâce aux données correspondantes.
Sur les 26 places de parc avec bornes de recharge électriques situées à Genève, 22 sont aujourd’hui occupées par des voitures électriques; les quatre voitures thermiques seront prochainement remplacées par des modèles électriques. Genève sera alors le premier emplacement entièrement électrique de cette ampleur. «Nous développons considérablement la part de l’électrique dans notre flotte de Genève, de 3% fin 2022 à 25% fin 2023. Notre engagement pour une mobilité propre est plus fort que jamais», affirme Stéphanie Gonzalez, porte-parole de Mobility. Idéalement, Genève doit servir de modèle à d’autres projets et villes pour encourager l’accélération vers une flotte sans émission d’ici 2030.
Photos: Glenn Michel
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