Pendant des décennies, c’était le rêve de beaucoup de jeunes: passer le permis de conduire le plus tôt possible, acheter une Volkswagen d’occasion et partir en vacances en Italie.
Une autre époque. Les priorités évoluent, comme en témoignent les chiffres de la Confédération: entre 1994 et 2019, la part des moins de 25 ans titulaires du permis de conduire a chuté de 13 points de pourcentage, une tendance explicable par différents facteurs.
Part des 18-24 ans titulaires du permis de conduire depuis 1994 (Suisse, voiture de tourisme cat. B)
Année | Part |
1994 | 71% |
2000 | 67% |
2010 | 59% |
2019 | 58% |
Raison nº 1: le permis de conduire coûte cher et prend du temps
Te souviens-tu du nombre d’heures de conduite dont tu as eu besoin avant l’épreuve? La moyenne actuelle est de 20 à 30, selon que l’on roule dans une ville aux règles de circulation plus complexes ou dans une région rurale. Quoi qu’il en soit, le prix du permis de conduire peut vite atteindre CHF 3’000 voire CHF 4’000. Pour beaucoup de jeunes, cela constitue un obstacle financier évident, d’autant plus que les temps de formation scolaire et professionnelle s’allongent et que le premier salaire est perçu de plus en plus tard.
La pratique sur les routes demande non seulement un certain budget mais aussi du temps: le Bureau de prévention des accidents (BPA) de Berne recommande 3’000 km de courses d’apprentissage accompagnées, soit 11 fois le trajet Zurich-Genève.
Raison nº 2: les transports publics sont de plus en plus développés
Renforcement des cadences, trains de nuit ou abonnements jeunesse ne sont que quelques exemples du développement constant des transports publics. Et les Suissesses et Suisses les plébiscitent: l’utilisation des transports publics est en augmentation, tout comme le nombre d’AG vendus. Les avantages pratiques de se faire conduire au lieu de prendre le volant soi-même sont aussi évidents: «Dans le tram, je peux discuter avec mes collègues d’étude» ou «Dans le train, je peux me détendre, écouter de la musique et chatter», pour ne citer que quelques témoignages.
Raison nº 3: les transports publics et les trajets à pied privilégiés, la voiture et le vélo en recul
La manière de se déplacer au quotidien a beaucoup évolué depuis 1994, en particulier chez les 16-20 ans. Aujourd’hui, les transports publics et les trajets à pied sont privilégiés, tandis que la voiture, la moto et le vélo sont en perte de vitesse de manière plus ou moins marquée.
Évolution du choix du mode de déplacement entre 1994 et 2015 (Suisse, 16-20 ans, trajets intérieurs):
- À pied + 29%
- À vélo - 64%
- En TP + 42%
- En voiture/Ă moto - 7%
Source: OFS/ARE, microrecensement mobilité et transports
Les chiffres relatifs au vélo, avec une baisse de quasiment deux tiers, peuvent surprendre. Mais il existe plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, il est souvent plus simple de grimper dans le prochain bus que de pédaler soi-même. Ensuite, il est particulièrement important pour les jeunes de passer le plus de temps possible les uns avec les autres. Il est ainsi beaucoup plus facile de bavarder en marchant qu’à vélo. Les dangers de la circulation ainsi que le risque de vol/vandalisme jouent également un rôle, tout comme les «parents taxi», qui conduisent de plus en plus souvent leur progéniture d’un point A à un point B. Enfin, les statistiques de la Confédération n’intègrent pas la micromobilité (p. ex. les trottinettes) dans la catégorie des vélos mais dans celle des déplacements à pied. Cependant, il existe actuellement de nouvelles fortes tendances qui parlent en faveur de la bicyclette: par exemple, à l’époque du Covid-19, beaucoup plus de gens montent à nouveau en selle. Et les vélos électriques sont en plein essor depuis quelque temps. Il sera donc passionnant de voir où le voyage nous mènera.
Raison nº 4: la voiture n’est plus un symbole de statut
Comme le montrent différentes études, la voiture n’est plus un symbole de statut pour les jeunes. Le smartphone et les plateformes de réseaux sociaux sont bien plus importants à leurs yeux que les voitures et le permis de conduire.
Le permis de conduire? Oui, mais plus tard
Comme tu le vois, il existe de nombreuses raisons expliquant pourquoi les jeunes ne se précipitent plus dans les écoles de conduite. Ce n’est pas qu’ils renoncent au permis de conduire. «On observe plutôt une temporisation dans l’acquisition du permis de conduire», explique le chercheur en mobilité Daniel Sauteur dans son étude «Mobilität von Kindern und Jugendlichen (2019)» sur la mobilité des enfants et des adolescents. Bruno Schlegel, responsable de la commission voiture de l’Association Suisse des Moniteurs de Conduite (ASMC), le confirme: «Dans la classe d’âge statistique des 18-24 ans, la tendance s’approche clairement de la limite supérieure de 24 ans.» Cette évolution est particulièrement marquée dans les grandes villes suisses, où seul un foyer sur deux dispose d’une voiture grâce au solide réseau de transports publics. Reste à savoir si la nouvelle réglementation autorisantles jeunes à prendre le volant dès 17 ans fera changer les choses. Les +6% de jeunes nouveaux conducteurs en 2019 constituaient-ils une exception ou amorçaient-ils un renversement de tendance?
Mobility monte au créneau avec l’offre pour les élèves conducteurs
Comme de moins en moins de foyers possèdent une voiture, de nombreux élèves conducteurs ont du mal à faire les courses d’apprentissage requises. C’est là quel’abonnement élève conducteur Mobilityentre en jeu: «Au cours des six dernières années, 22’000 Suissesses et Suisses se sont préparés à l’épreuve du permis de conduire avec Mobility», se réjouit Stéphanie Gonzalez, porte-parole de l’entreprise. Et les voitures de car sharing se trouvent là où les jeunes en ont le plus besoin: «Dans les villes. Nous sommes donc fermement convaincus que l’abonnement élève conducteur saura séduire de nombreuses autres personnes à l’avenir.»
Sources (liste non exhaustive): astra.admin.ch / nzz.ch / swissinfo.ch / srf.ch / rp-online.de / Daniel Sauter, Urban Mobility Research (diverses Ă©tudes)
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